Il ne faut surtout pas caresser un chien qui a peur!

Voilà une croyance qui circule depuis des décennies, et qui s’est bien ancrée dans l’inconscient collectif.

 

Cette croyance est basée sur le prétendu fait qu’en caressant un chien qui a peur, on “renforcerait” sa crainte. Un peu comme s’il pourrait chercher à avoir peur à nouveau pour être caressé?!!! Ou bien que sa peur serait renforcée (= rendue plus forte) parce qu’elle est associée à quelque chose d’agréable… Franchement!

 

Avons-nous oublié que les émotions ne répondent pas à des conditionnements? Quand on a peur, qu’on soit chien ou humain, ce sont les réflexes de survie qui prennent le dessus. La capacité à réfléchir, analyser, disparaît…

 

Imagineriez-vous laisser un enfant effrayé faire face à ses émotions seul, sous peine de prendre le risque de “renforcer sa peur”?

 

Oui je sais, je m’engage ici sur le terrain glissant de ce que certains interpréteront comme de l’anthropomorphisme. Ce n’est pourtant pas le cas. Si on peut accepter que nos chiens sont, comme nous, des êtres vivants dotés d’émotions, alors les aider à traverser ces émotions ne veut pas dire que nous les confondons avec des êtres humains… mais juste que nous faisons preuve d’empathie, tout en respectant leur identité différente de la nôtre.

 

Alors que faire quand notre chien a peur?  

Essayer de le calmer, en plein cœur de la situation difficile, a très peu de chance d'être efficace…

 

Ce dont il a besoin, c’est que nous prenions la direction des opérations et que nous fassions notre possible pour qu’il retrouve un sentiment de sécurité: par exemple, mettre fin à l’interaction ou s’éloigner rapidement de ce qui provoque son angoisse.

 

Ce qui compte encore davantage que ce que nous faisons, c’est l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons.

 

Rassurer un chien effrayé, alors que nous ne maîtrisons pas nos propres émotions du moment, ne va certainement pas l’aider… au contraire, nous ne ferons qu’ajouter à sa confusion. Non pas parce que nous le rassurons, mais parce que nous ne sommes pas cohérents.

 

Par contre, le rassurer quand on a quitté la "zone rouge", en étant nous-mêmes stables, ancrés et confiants, lui permettra (peut-être) de se détendre plus facilement.

 

C’est comme entre humains… si j’exprime une angoisse à une amie, ou que je lui parle d’une situation difficile pour moi, et qu’elle dramatise tout (oh mon Dieu, ma pauvre chérie, quelle horreur!), non seulement elle ne m’aide pas à me sentir mieux, mais elle complique encore les choses pour moi. Par contre, si elle est suffisamment stable pour m’écouter avec calme et attention (parce qu’elle gère ses propres émotions de son côté), alors elle m’incite à me calmer à mon tour, voire à percevoir les choses autrement. Sa stabilité m’inspire confiance et me rassure.

 

Bien sûr, nous ne sommes pas toujours en mesure d’être ces repères stables et confiants pour ceux qui nous entourent, peu importe leur nombre de pattes. Mais il me semble important d’être conscient de notre état émotionnel, ne fût-ce que par honnêteté. Alors nos mots, nos actions, seront de toute façon plus efficaces que si nous prétendons que tout va bien… Au moins, nos chiens peuvent nous sentir présents à nos émotions respectives. C’est d’ailleurs une bonne idée de leur exprimer comment nous nous sentons… pas dans le but de résoudre quoi que ce soit, juste parce que ça fait du bien. “Ok, je suis dépassée, je ne sais pas quoi faire. Je peux simplement te promettre de faire de mon mieux”.

 

Qu'en pensez-vous? 

Cela vous évoque-t-il des expériences vécues, des questions, des réflexions?

 

Dites-moi!